10 septembre 2007

" Oui, on peut durcir une loi interdisant l'avortement "


« Au Nicaragua, l'IVG est illégale. Mais les députés viennent d'interdire la moindre exception à la loi -même en cas de viol, d'inceste, ou quand la vie de la mère est en danger.

Cinquant-deux voix à zéro : c'est par ce score "soviétique" que le 26 octobre (2006), les parlementaires nicaraguayens ont durci la loi interdisant l'avortement. Avis à toutes les femmes estimant qu'un droit acquis de haute lutte le restera à jamais... Pour beaucoup, il s'agit là d'un non-événement, l'IVG étant déjà prohibée au Nicaragua depuis plus d'un siècle. Pourtant, les militantes féministes dénoncent une régression. Jusqu'à présent, l'avortement pouvait être pratiqué lorsque la vie de la mère était en danger, à condition que trois médecins valident le diagnostic. La loi reconnaissait également des exceptions, laissant la porte ouverte à certains cas "extrêmes" comme le viol ou l'inceste, interprétés à l'occasion de façon large et subjective par des médecins compréhensifs... Mais à partir du 26 novembre (2006), il ne sera plus possible de "s'arranger" avec la loi. Comme en Pologne, au Chili ou au Salvador, les médecins qui pratiqueront des avortements thérapeutiques écoperont de quatre à huit ans de prison. Même peine prévue pour les Nicaraguayennes qui se feront avorter. Sauf qu'elles risqueront en plus de terribles complications dues à l'inexpérience des "faiseuses d'anges". Selon l'OMS, 70 000 femmes meurent chaque année dans le monde des suites d'avortements mal pratiqués. En renforçant à ce point la prohibition, le président ultraconservateur Enrique Bolanos, 80 ans, pense s'attacher le soutien des Eglises catholiques et évangéliques à la veille de l'élection présidentielle. Espérons que les femmes nicaraguayennes, elles aussi, iront voter.
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Stéphanie Marteau

Article de Novembre 2006.